SOUS NOS PIEDS : LA VIE
Que connaissons-nous de ce qui est sous nos pieds ? Avons-nous conscience de ce que nous faisons subir au sol chaque jour ? Il se constitue en plusieurs dizaines de milliers d'années et se détruit en quelques secondes.
Nos sociétés modernes ont une vision très utilitariste des éléments de notre environnement, elles déterminent la valeur des choses à leur capacité à générer un profit immédiat. Le sol n'échappe pas à cette vision. Il doit produire toujours plus, s'adapter aux aménagements, absorber tous les rejets, subir toutes les maltraitances sans que nous ne mesurions les conséquences de ces comportements.
Pourtant le sol est vital pour l'être humain et reste, jusqu'à maintenant, son horizon indépassable. Les fonctions du sol sont multiples :
- Le sol nourrit les êtres vivants.
- Le sol est un filtre qui permet à une grande partie de l'humanité d’avoir de l’eau potable.
- Le sol est un tampon qui régule les flux d'eau et évite les inondations.
- Le sol participe aux cycles de l’azote (N), du phosphore (P) et du potassium (K), éléments nécessaires au développement des plantes et des cultures.
- Le sol est un lieu de vie, riche en espèces et en êtres vivants ; la biodiversité souterraine est supérieure à celle qui se trouve en surface.
- Le sol participe au cycle du carbone en le stockant : augmenter la quantité de matière organique dans les sols permet de capter plus de CO² et de limiter les effets du réchauffement climatique.
- Le sol est un support pour les bâtiments et les infrastructures (routes, parkings...) et beaucoup des matériaux présents dans leur construction proviennent du sol. Il est aussi le témoin de notre histoire (fouilles archéologiques).
Le sol revêt une importance vitale pour l’homme qui en dépend totalement, comme il dépend de l’air. Les premières lois pour améliorer la qualité de l'air sont apparues durant cette décennie. Des lois en faveur de la qualité des sols sont de la plus grande importance pour faire face aux quatre grands fléaux causés par l'activité humaine.
L'artificialisation des sols est la conséquence de l'urbanisation et du développement des transports routiers. En Europe, 45 000 hectares sont chaque année recouverts par le bitume ou le béton, c'est l'équivalent de la superficie de la ville de Berlin. Ce processus de passage du naturel à l'artificiel, jusqu'au stade ultime de l'imperméabilisation, détruit toutes les fonctions du sol.
Il faut mettre un coup d'arrêt à l'étalement urbain incontrôlé et revoir totalement notre système de déplacement. Nos villes doivent intégrer dans leur évolution les principes de préservation des fonctions du sol en conservant des superficies suffisantes de pleines terres sur lesquels le cycle naturel puisse se faire.
Le Plan Local d’Urbanisme (PLU) et le Plan Local d’Urbanisme Intercommunal (PLUI) sont les outils qui permettent de définir la destination des sols. ENDEMA93 est Personne Publique Associée (PPA) dans l'élaboration de ces documents pour les 7 communes de notre territoire et se bat pour que soient respectés les principes de préservation.
Le "tout routier" doit être reconsidéré en favorisant les modes de déplacements alternatifs à la voiture et en relocalisant la production de biens pour réduire les distances parcourues par le fret et rendre plus attractif le transport ferroviaire et fluvial.
L'érosion est la perte de matière par l'action du ruissellement et du vent : 20% du territoire national est soumis à ce phénomène. Cette situation n'est plus tenable, nous perdons plus de terres que la nature ne peut en créer, l'augmentation de la fréquence et de l'intensité des événements extrêmes (pluies cévenoles, orages intenses, vents violents...) entraîne une accélération du processus.
Les pratiques agricoles doivent évoluer et prendre en compte l'érosion. Il faut notamment, limiter les grandes surfaces d'un seul tenant, réaménager des haies et des alignements d'arbres et cesser de laisser les terres à nues l'hiver. La Politique Agricole Commune (PAC), à condition qu’elle valorise les pratiques vertueuses, peut être un outil efficace de protection des sols.
La pollution des sols s'étendrait sur une superficie de 100 000 hectares en France. D'après France Nature Environnement, plus de 1 000 écoles seraient construites sur des sols pouvant affecter la santé des enfants. Les anciennes friches industrielles et les anciennes décharges sont les lieux les plus touchés, mais l'utilisation systématique de pesticides est aussi source de pollutions extrêmement graves.
Les comportements individuels et collectifs irresponsables sont souvent à l'origine de pollutions locales. De nombreuses études révèlent que les traitements phytosanitaires de l'agriculture intensive sont à l'origine de disfonctionnements de notre organisme (augmentation des cancers, perturbateur endocrinien...). Par infiltration, les polluants se retrouvent dans les cours d'eau et dans les nappes phréatiques qui alimentent en eau potable les populations.
Dans un premier temps, un recensement précis des sites pollués et une étude sur la nature des polluants de chaque lieu doivent être réalisés. Dans un second temps, un programme de dépollution doit être élaboré, priorisant les sites les plus dangereux. Il faut renforcer le réseau de collecte des produits polluants et mener des campagnes de communication récurrentes pour sensibiliser les populations aux comportements vertueux. Il faut créer une véritable législation et des services dédiés (police et tribunaux de l'environnement) pour lutter contre les comportements délictueux. D’autres mesures s’imposent : une réorientation de la politique agricole, une réglementation de l'importation de produits ayant subi des traitements phytosanitaires néfastes, une réelle action permettant de réduire significativement la quantité de pesticides dans la production nationale. Parallèlement, un rééquilibrage des aides en faveur de la production biologique doit permettre d'augmenter la part des aliments sains dans la consommation journalière de la population.
La minéralisation des sols est la perte excessive de matière organique des sols. Pour toujours plus de rendement, l’agriculture intensive utilise beaucoup trop d'intrants chimiques (engrais) et de produits phytosanitaires (pesticides, fongicides...) qui minéralisent et appauvrissent les sols trop rapidement. Le passage d’engins de plus en plus lourds peut aussi agresser le sol en provoquant son tassement, empêchant le passage de l’eau, de l’air et de la faune des recycleurs du sol (vers de terre, insectes...).
Comme le dit Dominique Arrouyas, agronome et pédologue, président de l’Association Française de l’Etude du Sol : "Il faut augmenter les rendements dans les pays pauvres et cesser de penser que la Beauce va nourrir le monde". Une remise en question de l'agro-business dans nos pays développés doit être engagée, une relocalisation de la production alimentaire, biologique de préférence, et un développement des circuits courts permettront d'enrayer la dégradation des sols et de nourrir la planète.
La maltraitance des sols a des conséquences directes sur notre environnement et notre santé. Ces maux et leurs origines sont connus, il n'appartient qu'à nous de répondre aux enjeux de protection de notre principal support d'existence.
ENDEMA93 œuvre dans ce sens lorsqu'elle demande un arrêt de l'étalement urbain dans les PLU, lorsqu'elle se bat pour sauvegarder le moindre mètre carré d'espace naturel sur notre territoire, lorsqu'elle s'oppose à la construction de centre commerciaux sur des terres agricoles (Europacity), lorsqu'elle soutient la consommation de produits bio dans les cantines, lorsqu'elle s'élève contre les abattages illégaux d'arbres ou encore lorsqu'elle dénonce des dépôts sauvages de déchets.
ENDEMA93 œuvre dans ce sens lorsqu'elle exige, aux côtés de France Nature Environnement, une protection des sols efficace, définie juridiquement, comme c’est le cas en Allemagne et en Suisse.
Les sols sont vivants et ont la formidable faculté de se régénérer à condition de les respecter en leur donnant le temps et les conditions minimales pour ce faire.