La pollution de l'air n'est pas une fatalité : réagissons.
Voilà c'est fini... La pollution de l'air s'en est allée. On est passé à autre chose, rendez vous au prochain pic. La conscience du danger s'est estompée, nous allons pouvoir continuer à vivre comme toujours. Et bien NON la pollution atmosphérique liée aux activités humaines ne s'est pas évaporée, elle continue de ronger les poumons de tous les Franciliens et à tuer les plus faibles (nourrissons, personnes âgées, asthmatiques...).
Ce serait tellement plus simple si les conséquences de la pollution se mesuraient comme les accidents de la route ou si les victimes des particules fines tombaient au milieu des rues, frappées d'une mort brutale. Nous pourrions établir des statistiques claires et prendre rapidement les mesures pour arrêter le carnage. Mais ce n'est pas le cas, la pollution atmosphérique liée à l'activité humaine sévit à bas bruit et à long terme: elle ne tue pas directement, on meurt des pathologies qui en découlent (insuffisance respiratoire, maladies cardio-vasculaires...). Les chercheurs estiment qu'elle représente la première cause environnementale de mort prématurée dans le monde.
Bien que les transports ne soient pas la seule cause de la dégradation de la qualité de l'air, ils en représentent néanmoins une part significative qui est encore plus importante en Île-de-France. Santé publique France a réalisé une Evaluation Quantitative de l'Impact Sanitaire (EQIS) et en a tiré des conclusions édifiantes. D'abord il n'y a pas UNE pollution mais DES pollutions qui apparaissent à des périodes différentes, liées à des causes différentes avec des intensités différentes variant d'une région à l'autre. Certaines sont plus nocives que d'autres, mais toutes attaquent l'organisme humain et leurs combinaisons peuvent avoir un effet exponentiel. Si les pics sont très médiatisés, l'exposition chronique à la pollution pèse beaucoup plus lourd sur la santé. L'agence estime qu'en France 48 000 personnes meurent chaque année des pollutions atmosphériques. Le nombre de décès progresse de façon alarmante : 40 000 d’après une étude européenne réalisée en 2000, 42 000 d’après un rapport sénatorial en 2015. Le Commissariat Général au Développement Durable (CGDD) évalue le coût pour le système de santé français entre 0,9 à 1,8 milliard d’euros par an. Et on parle d’un coût socio-économique annuel de 20 à 100 milliards d’euros. Si les grandes villes sont les plus touchées par ce fléau, personne n'y échappe totalement. L'espérance de vie est réduite de 15 à 9 mois selon que l'on vive en milieu urbain ou à la campagne du seul fait des particules fines. L'EQIS estime que si toutes les communes avaient le taux de particules observé dans les villes les moins polluées, nous aurions une baisse de 34 000 décès et une hausse de 9 mois d'espérance de vie. Cette amélioration soulagerait aussi les souffrances endurées par l'entourage des personnes malades. Chaque jour apporte son lot d'études, de rapports, d'expertises qui tous confirment les conséquences morbides de la pollution atmosphérique sur la population. Ce fléau nous attaque tous et il s'abat avec encore plus de férocité sur les plus faibles... plus faibles que nous serons tous un jour.
Face à ce constat accablant que faire ?
Il existe des recommandations et des actions règlementaires d’amélioration de la qualité de l’air issues de la loi sur l’air de 1996 complétée par le Grenelle de l’environnement qui se déclinent selon plusieurs programmes: le Plan Régional de la Qualité de l’Air (PRQA), le Plan de Protection de l’Atmosphère (PPA), le Plan de Déplacements Urbains (PDU), le Plan Régional Santé Environnement (PRSE), le Plan Climat Energie Territorial (PCET), le Schéma Régional Climat Air Energie (SRCAE). Ce ne sont donc pas les outils qui font défaut, mais leur mise en œuvre et leur financement.
En Île-de-France, c'est la circulation automobile qui produit l'essentiel de la pollution atmosphérique et plus particulièrement les véhicules diesel. La circulation alternée décrétée lors des pics de pollution ne peut pas suffire, il s'agit de repenser totalement le système de déplacements et l'organisation dans notre région.
Qu’attendent les pouvoirs publics pour :
Agir sur l’organisation spatiale de la région parisienne qui est déséquilibrée : les activités à l'ouest et les logements à l'est entraînent une migration journalière est-ouest des Franciliens. Un rééquilibrage s'impose, la métropolisation doit être l'outil qui réorganisera la structure urbaine afin d'éviter ces déplacements contraints en donnant la possibilité au plus grand nombre d'habiter près de son lieu de travail. Il est impératif que l'étalement urbain qui rallonge les distances et les temps de transport domicile/travail soit stoppé et que l'urbanisation soit conditionnée à la création de transports en commun lourds reliés au réseau régional. Enfin, afin d'alléger la pression démographique et soulager les problèmes de logements en Île-de-France, il faut cesser de concentrer les activités et les lieux de pouvoir dans l'agglomération parisienne au détriment des autres régions.
Mettre en œuvre le Plan de Déplacements Urbains Île-de-France (PDUIF), dont s'est dotée la région pour définir les priorités et favoriser les transports en commun et les modes doux (marche, vélo...). Ainsi, les pouvoirs publics doivent engager au plus vite les financements nécessaires à la réalisation du Grand Paris Express. Il incombe à la région de mener à bien son projet de dé-diésélisation du parc de bus et de réaliser le réseau structurant de pistes cyclables sur lequel viendront se connecter les réseaux territoriaux. Une indemnité mensuelle pour ceux qui se rendent au travail à vélo et un système favorisant les personnes pratiquant le covoiturage est à mettre en place rapidement.
Limiter la circulation automobile dans certaine zones et interdire les véhicules les plus polluants en créant des zones à faibles émissions ou Low Zone Emission (LEW). Beaucoup de villes européennes en font l'expérience avec succès, le projet de la ville de Paris s'inscrit dans cette dynamique. Ces zones pourront être élargies aux communes de la petite couronne.
Développer les véhicules "zéro émission". Plutôt que de faire du lobbying pour conserver le marché des moteurs sales, les constructeurs automobiles doivent s’engager dans cette voie avec le soutien des pouvoirs publics.
Conforter le rôle d’Airparif dont la mission de surveillance, d’information, d’évaluation des stratégies proposées est essentielle dans la lutte contre la pollution atmosphérique.
Instaurer une écotaxe sur les poids lourds sur l'ensemble du territoire national pour rééquilibrer le fret marchandises du "tout camion" vers le rail et le fluvial.
Respirer un air sain n'est pas un luxe. Les victimes de la pollution atmosphérique ne sont pas les générations futures, mais nous, aujourd'hui et ici. Nous ne pouvons pas continuer à nous asphyxier comme si nous ne pouvions rien y faire, des solutions existent, ayons le courage de les mettre en œuvre.
C’est pourquoi ENDEMA93 s'applique par tous les moyens à promouvoir les modes de déplacements alternatifs à la voiture. Il faut qu'à terme, il soit plus pratique, plus rapide, plus confortable, moins cher et surtout non polluant d'utiliser un moyen de déplacement autre que la voiture individuelle.